Jean-Marie[1] Vianney est né dans une famille de cultivateurs originaire de Dardilly, dans la région lyonnaise. Lors de la Révolution, l’abbé Jacques Rey, curé de Dardilly, prête serment à la Constitution civile du clergé. Tout comme la plupart des fidèles, les Vianney lui gardent leur confiance et c’est donc en assistant à la messe d’un « prêtre jureur » que Jean-Marie fait ses premiers progrès en piété[2]. Bientôt, toutefois, la famille Vianney apprend le caractère schismatique de l’abbé Rey et entre en relations avec un prêtre réfractaire à la Constitution civile, que le vicaire général de Lyon a envoyé comme missionnaire à Écully, village voisin de Dardilly. C’est ce prêtre réfractaire qui fait faire à Jean-Marie, âgé de treize ans, sa première communion[3]. Les missionnaires interrompent jusqu’en 1801 leur présence à Écully et il est donc à supposer que Jean-Marie, qui ne fréquentait plus l’église du curé schismatique de Dardilly, resta plusieurs années sans entendre la messe[4]. En 1802, l’abbé Rey adhère au Concordat et redevient le curé légitime de Dardilly. Le schisme et la clandestinité appartiennent au passé[5].

La commune de Dardilly était restée sans instituteur depuis le début de la Révolution et la majorité des enfants ne savaient ni lire ni écrire. Fin 1803, la municipalité désigne un nouvel instituteur, dont Jean-Marie Vianney, alors âgé de 17 ans, fréquente l’école[4].

L’abbé Charles Balley, curé « concordataire » d’Écully depuis 1803 et voué, selon la tradition génovéfaine, à la formation des prêtres (il prépare ses quelques élèves au grand séminaire de Lyon, rouvert depuis peu), accueille le très peu instruit mais ardent Jean-Marie, avec toute sa bienveillance, durant l’hiver 1806-1807, dans la petite école presbytérale qu’il a fondée[6]. C’est un élève médiocre, surtout parce qu’il a commencé à étudier très tard[7]. Il éprouve de grandes difficultés[8], et ses connaissances se limitent à un peu d’arithmétique, un peu d’histoire et un peu de géographie. L’étude du latin est pour lui un supplice[9] bien qu’il soit aidé par son condisciple Mathias Loras, futur premier évêque missionnaire de Dubuque[10], qui lui donne quelques leçons. L’abbé Balley, cependant, connaissant sa piété et les mortifications qu’il s’inflige, ne doute pas de sa vocation[11].

  1. Il ajoutera Baptiste à ses prénoms lors de sa confirmation, en 1807. Voir Mgr René Fourrey, Le curé d’Ars authentique, L’Échelle de Jacob, 2009, p. 38.
  2. Mgr René Fourrey, Le curé d’Ars authentique, L’Échelle de Jacob, 2009, pp. 22 et 26.
  3. Mgr René Fourrey, Le curé d’Ars authentique, L’Échelle de Jacob, 2009, pp. 26 et 28.
  4. a et b Mgr René Fourrey, Le curé d’Ars authentique, L’Échelle de Jacob, 2009, p. 28.
  5. Mgr René Fourrey, Le curé d’Ars authentique, L’Échelle de Jacob, 2009, p. 29.
  6. Jean-Jacques Antier : Le curé d’Ars, un saint dans la tourmente ; Perrin ; 2006 ; ISBN 2-262-02266-6 ; p. 34-36
  7. D’après Mgr Fourrey (Mgr René Fourrey, Le curé d’Ars authentique, L’Échelle de Jacob, 2009, pp. 35 et 36), l’abbé Balley n’avait eu qu’un élève avant Jean-Marie Vianney et c’est à l’arrivée de Jean-Marie Vianney que, le nombre des élèves étant porté à deux, la maison de M. Balley put faire figure d’école. Selon Mgr René Fourrey (ouvr. cité, p. 62, n. 188), c’est par erreur que Mgr Trochu (Mgr Francis Trochu, Le Curé d’Ars, 11e édition française, Paris, Lyon, s.d. (1927?), pp. 44 et 48) écrit que le P. Deschamps étudia au presbytère d’Écully.
  8. Mgr René Fourrey, Le curé d’Ars authentique, L’Échelle de Jacob, 2009, p. 36.
  9. Mgr René Fourrey, Le curé d’Ars authentique, L’Échelle de Jacob, 2009, p. 37.
  10. Mgr Francis Trochu, Le Curé d’Ars, 11e édition française, Paris, Lyon, s.d. (1927?), pp. 48-49; Mgr René Fourrey, Le curé d’Ars authentique, L’Échelle de Jacob, 2009, pp. 37-38.
  11. Mgr René Fourrey, Le curé d’Ars authentique, L’Échelle de Jacob, 2009, p. 41.