Jean-Marie possédait un chapelet auquel il tenait beaucoup. Gothon, sa sœur Marguerite, plus jeune de dix-huit mois, trouva, elle aussi, l’objet à son goût ; naturellement, elle voulu l’avoir. Il y eut une scène entre frère et sœur ; cris, trépignements, attaque commencée … Le pauvre enfant, tout chagrin, courut à sa mère. « Mon petit, donne ton chapelet à Gothon, dit-elle, d’une voix douce et ferme … Oui, donne-le pour l’amour du Bon Dieu. » Et aussitôt, Jean-Marie, sanglotant, tendit le chapelet, qui changea de propriétaire. Chez un enfant de quatre ans, c’était un assez beau sacrifice !

 

 

Pour sécher ses pleurs, sa mère, au lieu de le câliner et dorloter, lui fit cadeau d’une statuette en bois qui représentait la sainte Vierge. Cette rustique image, le petit l’avait regardée souvent avec envie, dressée sur la cheminée de la cuisine. A présent, elle était à lui, bien à lui ! Quel bonheur ! « Oh ! Que je l’aimais cette statue, dira-t-il à soixante-dix ans de distance. Je ne pouvais m’en séparer ni le jour, ni la nuit, et je n’aurais pas dormi tranquille si je ne l’avais pas eue à côté de moi, dans mon petit lit … La Sainte Vierge, c’est ma plus vieille affection : je l’ai aimée avant même de la connaître. » (Jeanne-Marie Chamay, procès de l’ordinaire).

 

 

C’est cette statue que Jean-Marie emportait avec lui, aux champs. Et ses camarades l’ont vu souvent en prière devant elle, placée dans le creux d’un arbre, à Chantemerle, où il gardait ses bêtes.

 

 

Il semble bien qu’il ait gardé cette statue sur lui pendant une grande partie de sa vie. On en a perdu la trace : la photo ci-contre représente une statue en bois du XVIII°, qui permet de s’imaginer ce qu’elle était.