En ce temps-là, des gens présentaient à Jésus des enfants pour qu’il pose la main sur eux ; mais les disciples les écartèrent vivement.

Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit : « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent.
Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. »
Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains. (Mc 10,13-16)

Témoignage de Marguerite Vianney

Marguerite Vianney a beaucoup contribué au « procès informatif ordinaire » en vue de la béatification de Jean-Marie Vianney, en tant que témoin privilégié de son enfance.  Voici ce qu’elle déclarait en 1863, à propos de la foi de son frère encore très jeune :

 » Jean Marie n’avait encore que six mois; ma mère, avant de lui donner sa soupe, avait soin de lui faire faire le signe de la croix.  Un jour, elle l’oublia; l’enfant ne voulut pas manger, et il caressait les mains de sa mère, comme pour lui demander quelque chose. Elle comprit à la fin, lui fit faire le signe de la croix, et il mangea sa soupe de bon coeur. Ma mère nous a mille fois raconté ce trait.

Il avait à peu près trois ans lorsqu’un soir, il disparut, sans qu’on pût savoir ce qu’il était devenu. Comme il y avait une pièce d’eau à coté de la maison, ma mère craignit un malheur et fit même rechercher si l’enfant ne se serait pas noyé. Lorsqu’elle alla à l’étable, elle entendit le chuchotement de quelqu’un qui prie. C’était Jean Marie qui, caché entre deux vaches et à genoux, faisait dévotement sa prière. Ma mère le gronda et lui dit: Comment? Tu vas te cacher pour prier? Tu sais bien que nous faisons nos prières ensemble. Pourquoi te cacher et me donner une si grande inquiétude? – Jean Marie, tout confus de la peine qu’il lui avait causée, se jeta dans ses bras et l’embrassa avec affection en lui disant: Mère, pardonnez-moi, je n’ai pas voulu vous faire de la peine; je n’y retournerai plus. Je me rappelle que plusieurs fois ma mère a fait allusion à ce trait et lui a dit en notre présence: Tu m’as causé beaucoup d’inquiétude quand tu t’es caché. C’est de ma mère que je tiens tout cela.

Dans la maison paternelle, il y avait une petite chapelle; c’était Jean Marie qui se chargeait de l’arranger. C’était là que se faisait la prière du soir. On disait plusieurs prières pour les âmes du purgatoire. Une de nos tantes vint à mourir; nous nous disions entre nous: Nous aurions bien mieux aimé qu’elle eût encore vécu; il faudra encore ajouter un pater et un ave Maria; il y en a déjà bien assez… Jean Marie, qui avait alors environ sept ans, reprit aussitôt: Eh! mon Dieu, qu’est-ce que c’est qu’un pater et un ave Maria; c’est si tôt dit.

Mon frère Jean Marie ne se faisait pas prier pour dire avant les repas le benedicite et après le repas les grâces. Quand l’heure sonnait, il ne manquait pas de dire la prière que notre mère nous avait apprise: Dieu soit béni! Courage, mon âme: le temps se passe et l’éternité s’avance; vivons comme nous devons mourir. Puis on disait un Ave Maria. Dès que l’Angelus sonnait, mon frère se découvrait et se mettait en devoir de le réciter; si nous n’y faisions pas attention, il nous disait: Allons, c’est l’angelus; disons vite l’angelus. »