Si l’on se penche sur l’enfance de M. Vianney, l’influence de ses parents fut certainement capitale. On a la chance de connaître les faits rapportés par sa petite sœur Gothon.
• Sa maman tout d’abord, Marie Béluze. Elle lui a donné le sens de Dieu, celui de la vie avec Dieu. C’est elle la première qui lui apprendra à prier, à connaître Dieu et à l’aimer. Elle lui enseignera à vivre sous son regard, c’est-à-dire en toute vérité et simplicité avec Lui. Cette qualité le guidera toute sa vie, particulièrement dans les moments plus difficiles où les épreuves sont lourdes et où il ne perçoit pas la volonté de Dieu, ainsi que dans les périodes plus paisibles. Sa familiarité avec le “Bon Dieu” vient certainement de cette habitude. Marie Béluze lui avait appris à se tourner vers Dieu quand l’horloge de la ferme de Dardilly sonnait les heures, et à confier ainsi ses occupations, ses joies ou ses peines à Jésus. Il fera de même à Ars en relevant le clocher et en y installant une pendule ; il pourra ainsi inviter ses paroissiens à tourner leur cœur vers le Seigneur. Sa Maman avait aussi pressenti l’ampleur de l’appel de Dieu tout spécialement sur son Jean-Marie. Petit, elle lui avait dit un jour : « tu vois Jean-Marie, si tes frères et sœurs péchaient (dans le sens de gravement) cela me ferait de la peine, mais surtout si c’était toi ». Quand il lui dira déjà grand, sa volonté de devenir prêtre, elle lui répondra : « tu sais, cela fait longtemps que je le sais ». Elle a donc porté et accompagné la vocation de son fils. Devenu pasteur d’âmes, il pressentira bien souvent la profondeur de l’appel de Dieu sur ceux qui venaient à lui, et il les aidera à répondre de tout leur cœur à cet appel. Le “charisme” de la maman a engendré et porté celui du curé.
• Son père ensuite, Mathieu Vianney. Agriculteur solide et pragmatique, il lui apprendra à connaître et à aimer la vie. Il enseignera aussi à son fils à aimer le travail et à y être fidèle. La terre ne ment pas et, en la travaillant pour lui faire porter du fruit, en coopérant à l’œuvre de la création, on rejoint le Créateur. Comment ne pas percevoir chez le saint Curé cet amour de la terre et de son travail. En bon fils de paysan, il s’en servira comme d’un réservoir inépuisable d’exemples et d’analogies pour parler du Créateur et de la vocation de chacun. Il y percevra une image de la fidélité et de la bonté de Dieu au-delà de tous les bouleversements possibles. Son père lui apprit aussi à aimer les pauvres et plus largement à les accueillir, c’est-à-dire à reconnaître en eux le Seigneur lui-même. Jean-Marie Vianney retiendra aussi de son père son attention à sa propre famille et à son devoir d’état. Il y discernera l’importance de l’exemple et de l’image que donnent le père et la mère. À son arrivée à Ars il n’aura de cesse de sauvegarder la famille et de la protéger de tout ce qui peut la blesser (alcool, futilités, travail le dimanche, débauche, grossièretés…). Mathieu Vianney apprit enfin à son fils l’obéissance filiale. Si les relations ne furent pas toujours faciles entre eux, si le père ne comprit pas toujours son fils dans son désir de devenir prêtre, si le refus de la conscription et la désertion entachèrent fortement leurs liens, il lui montra (même malgré lui) que l’obéissance filiale porte du fruit en son temps. L’amour filial du Curé d’Ars envers l’Église et son évêque, trouve sans doute ici son origine. (extrait de » Le Curé d’Ars, figure de sainteté sacerdotale », Mgr Jean-Philippe Nault, Actes du Colloque d’Ars sur la Sainteté sacerdotale 2007)